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Echo du dimanche 24 avril 2022
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Echo du dimanche 10 avril 2022
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Echo du dimanche 20 mars 2022
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Homélie du dimanche 13 mars 2022
La liturgie a choisi d’enlever les premiers mots : « Environ huit jours après avoir prononcé ces paroles »… et pourtant, les trois évangélistes, Matthieu, Marc et Luc s’accordent pour lier l’épisode de la Transfiguration à la conversion que Jésus a eu avec ces disciples.
Lors de cette conversation, Jésus, après avoir prié, les interrogea en deux temps : « Au dire des foules qui suis-je ? » (Lc 9, 18), puis « Et vous que dites-vous, pour vous qui suis-je ? » (Lc 9, 20). Pierre avait alors affirmé : « Le Christ, le Messie de Dieu » (Lc 9, 20).
Alors Jésus leur avait annoncé sa Passion (Cf. Lc 9, 22) et les avait invités à prendre leur croix pour marcher à sa suite (Cf. Lc 23). C’est dans ce contexte précis que doit être lu le récit de la transfiguration. Transfiguration et Croix s’éclairent mutuellement et sont indissociables l’une de l’autre.
Les trois disciples que Jésus prend avec lui : Pierre, Jean et Jacques sont ceux qu’il emmènera à l’écart lors de la prière à Gethsémani (Cf. Mt 26, 37 ou Mc 14, 33). Ceux qui auront vu son visage flamboyant de gloire le verront ruisselant de sueur et de sang (Cf. Lc 22, 44).
« Il gravit la montagne pour prier » (Lc 9, 28).
À onze reprises au cours de son évangile, saint Luc nous montre Jésus en prière. Déjà, il avait gravit une montagne pour y prier toute la nuit, avant d’appeler les Douze (Cf. Lc 6, 12). Huit jours avant de gravir la montagne pour prier, et avant d’interroger les disciples sur ce que l’on disait de lui, Luc note : « En ce jour-là, Jésus était en prière à l’écart » (Lc 9, 18). C’est de sa prière, de son colloque filial avec le Père qu’il avait reçu les Douze ; c’est en priant devant eux qu’il les introduit dans la découverte de son « Être », dans la connaissance de son mystère de Fils…
« Pendant qu’il priait… » (Lc 9, 29).
C’est au cœur même de sa prière que l’action survint. C’est dans la relation intime avec son Père que l’Être de Jésus se révèle pleinement.Il est le « Fils bien aimé » (Lc 3, 22). L’auteur de la Lettre aux Hébreux nous dira qu’il est le « rayonnement de la gloire de Dieu » (He 1, 3). Saint Paul le nommera : « Le Seigneur de la gloire » (I Co 2, 10).
« Son visage apparut tout autre et son vêtement devint d’une blancheur éblouissante » (Lc 9, 29).
La relation intime de Jésus à son Père, le rend participant de la gloire du Père. Dans l’Écriture, le vêtement blanc est le « signe » des êtres célestes. Sa prière manifeste de qu’il est : « Le Fils du Père ».
Nous le savons, la prière est l’un des piliers du temps du carême. Une triple attitude nous est proposée durant ce temps pour désencombrer notre cœur et nous préparer à recevoir la lumière de Pâques : Jeûne, Prière et Aumône/partage.Nous l’avons réentendus lors de la célébration des Cendres. La semaine dernière nous avons vu Jésus jeûner au désert et être vainqueur des tentations. Aujourd’hui nous le voyons prier et manifester son être profond. Il nous montre le chemin, il nous entraîne à sa suite.
Comme lui, nous sommes invités à entrer dans un colloque filial avec le Père. Pour advenir à notre identité véritable de fils de Dieu, de filles de Dieu dans le Fils unique, et il nous faut prendre le chemin de la prière.La bienheureuse Élisabeth de la Trinité nous précise : « Aimez toujours la prière, […] et quand je dis la prière, ce n’est pas tant s’imposer quantité de prières vocales à réciter chaque jour, mais c’est cette élévation de l’âme vers Dieu à travers toutes choses qui nous établit avec la Sainte Trinité en une sorte de communion continuelle, tout simplement en faisant tout sous son regard » (L 252, fin décembre 1905).
La prière, ma prière personnelle, devient le lieu de ma transfiguration parce que lorsque je prie, j’adviens à ma profonde identité de Fils et Fille de Dieu.La prière me transfigure intérieurement parce qu’elle me fait être ce que Dieu veut que je sois, elle me donne d’accomplir les promesses de mon baptême. La prière me transfigure en m’emportant dans la vie trinitaire…
« Moïse et Élie parlaient de son départ qui allait s’accomplir à Jérusalem » (Lc 9, 31).
Moïse et Élie, la Loi et les Prophètes, en dialogue avec Jésus qui n’est pas venu abolir, mais accomplir les Écritures, sont bien deux témoins et sont là pour attester de la vérité de l’évènement. Deux témoins choisis… Jésus est à la fois le nouveau Moïse et le nouvel Élie… Savons-nous lire les Écritures, tout particulièrement la Première Alliance pour y découvrir l’annonce des promesses qui s’accomplissent en Jésus ?
Luc est le seul des évangélistes à nous révéler la conversation qui s’échange entre Moïse, Élie et Jésus. Ils parlent de son départ, de son exode, de son passage, de sa Pâque pourrions-nous dire, manifestant à nouveau le lien très fort qui unit la scène de la transfiguration à celle de la Crucifixion Après le départ de Moïse et d’Élie, vient le Témoin suprême.
« Une nuée survint… Et de la nuée une voix se fit entendre » (Lc 9, 34-35).
Cette nuée qui viendra obscurcir la terre lors de la Crucifixion. Comme lors du baptême, la voix du Père se fait entendre. Comme au baptême, elle est réponse à la prière de Jésus.
« Celui-ci est mon Fils, celui que j’ai choisi : écoutez-le » (Lc 9,35).
La voix du Père atteste qu’il est « son Fils », celui qu’il a choisi, qu’il a élu. Il nous invite à être à son écoute.
Simon-Pierre, « l’écoutant par excellence » – son nom de « Simon » a la même racine que « shema, écoute Israël », gardera le souvenir de cet épisode dans sa seconde lettre et il affirme : « Cette voix venant du ciel, nous l’avons-nous-mêmes entendue quand nous étions avec lui sur la montagne sainte.Et ainsi se confirme pour nous la parole prophétique : vous faites bien de fixer votre attention sur elle, comme sur une lampe brillant dans un lieu obscur jusqu’à ce que paraisse le jour et que l’étoile du matin se lève dans vos cœurs. » (2 P 1, 18-19).
« Pendant que la voix se faisait entendre, il n’y avait plus que Jésus, seul » (Lc 9, 36).
Le temps du carême, un temps pour monter sur la montagne avec Jésus, Un temps pour mieux le connaître par la méditation de l’Écriture, par l’écoute de sa Parole, par la contemplation de son Mystère.Un temps pour entrer plus profondément dans son intimité par la prière, pour le laisser nous conduire vers le Père.
Le Carême, un temps de désencombrement, pour nous libérer du superflu, de l’inutile, pour nous centrer sur « Jésus, seul »… Un temps pour se laisser transfigurer, pour avoir le courage de suivre Jésus sur le chemin du calvaire et de la Croix et passer avec lui de ce monde au Père dans la lumière de la Résurrection.Amen.
Père Frédéric
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Homélie du dimanche 6 mars 2022
Joyeux Carême !
Oui, frères et sœurs, le Carême est une montée vers la joie, celle de Pâques.
Le mot pénitence n’est pas synonyme de macérations, de « petits sacrifices »,
mais de conversion… Il vient d’un mot latin qui signifie : « je me repens » et
donc je me ré oriente vers le Christ.
Les cendres reçues ce mercredi nous rappellent le triste visage que nous
faisons lorsque nous oublions les chemins de l’Évangile. Or, nous sommes nés
pour la joie. Alors, remettons-nous en route !
Nous avons 40 jours pour redécouvrir non pas une joie de pacotille ou superficielle
et sans fondements, mais celle de Pâques.
L’alléluia pascal, en effet, nous fera entendre une tout autre mélodie que celle
des fanfares de fête et de carnaval.
« Soufflons sur les cendre »s, il est encore temps de ressusciter le feu d’amour
de Dieu qui couve en nous…
Où allons-nous ? Ne sommes-nous pas occupés à passer à côté de l’essentiel ?
Chrétiens ou non, croyants ou non, nous faisons partie de cette société désorientée
et nous en sommes parfois bien « complices ».
N’est-il pas plus qu’urgent de nous arrêter un peu ?
Le Carême est un temps de lucidité, de prise de distance pour en revenir aux
questions vitales :
Qu’est-ce que je fais de ma vie ?
Sur quoi suis-je occupé à la bâtir ?
La simplicité et même le dénuement du désert nous recentre sur l’essentiel.
C’est l’Esprit qui conduit Jésus au désert après son baptême.
L’Esprit veut lui faire entendre sa voix, non pas celle des évidences
communes, mais celle de Dieu.
Jésus va prendre le temps de faire le tri entre tous les appels qui lui parviennent.
Il y a la voix du démon, du mauvais esprit, qui reprend celle des foules qui
veulent du pain, un roi puissant et des miracles inattendus.
Jésus, Lui entendra celle de l’Esprit Saint qui l’invite à l’écoute de la Parole de
Dieu, au service des autres et à une foi/confiance respectueuse de Dieu.
Ces trois tentations de Jésus sont aussi les nôtres.
D’abord, la tentation du matériel : « Change ces pierres en pain ! »
C’est la tentation de baser toute notre vie sur le matériel. Nous sommes devenus des
consommateurs.
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Certes, beaucoup n’ont pas encore le minimum vital, mais notre société a pris un
rythme dit de croissance sans s’inquiéter ni de l’épuisement de la planète, ni de
l’appauvrissement de nos relations, ni de notre vide intérieur grandissant.
Il y a un trop-plein, un excédent de bagages…
Ne faudrait-il pas retrouver une certaine « modération » ?
L’Évangile ne cesse de nous y inviter, mais nous sommes sourds. Et l’urgence
écologique nous le clame. « L’homme ne vit pas seulement de pain… »
Le Carême nous propose un antidote : le jeûne. Il s’agit de se désencombrer de
tout ce qui, finalement, nous empêche de vivre en vérité.
La nourriture est un de ces domaines où nous pouvons nous exercer mais aussi tant
de choses qui prennent trop de place dans nos vies et aliènent notre liberté au
prix de petites ou grandes compromissions…. Notre point d’appui n’est-il pas
souvent trop enraciné dans le matériel ?
Vient ensuite la tentation du pouvoir : « …si tu te prosternes devant moi », si tu
acceptes de pactiser avec le mal, si tu es prêt à n’importe quoi pour régner, pour
dominer, pour te justifier d’avoir raison, bref se mettre au centre de tout.
C’est toute la question « politique » qui se profile ici, mais aussi celle de nos
relations, car nous avons tous une petite parcelle de pouvoir : Sommes-nous
respectueux de la liberté des autres ?
Ne sommes-nous pas enclins à manipuler notre entourage, à tout faire pour évincer
celles et ceux qui nous gênent ?
Ici, l’antidote sera l’aumône, au sens large du terme : donner de soi-même, de
son temps, de son nécessaire.
Aimer, en effet, c’est faire de la place à l’autre, ne pas occuper tout le terrain. Jésus,
lui, le soir du Jeudi saint, se fera tout simplement serviteur, lavant les pieds de
ses disciples et il dira ce geste vous ne pouvez pas le comprendre… mais un
jour….
Enfin voilà Jésus au pinacle du Temple. « Ils te porteront sur leurs mains, de peur
que ton pied ne heurte une pierre. »
Tout faire pour ne pas souffrir.
Oh ! La souffrance n’est pas un bien. On ne le répétera jamais assez.
Mais il y a aujourd’hui telle obsession de la non-souffrance, un désir de couler des
jours tranquilles, de réduire au maximum les frustrations de toutes sortes et de vivre
« cool ».
Sommes-nous prêts à prendre des risques et à faire des choix qui pourraient
nous engager et donc nous « entamer » quelque peu ?
Si nous le savons bien, Dieu n’est pas une assurance tous-risques.
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Jésus lui-même n’échappera pas à la croix. « Jésus n’est pas venu pour détruire
la croix, mais pour s’étendre dessus » non « pour supprimer la souffrance mais
la remplir sa présence !
En refusant que Dieu intervienne magiquement pour lui épargner la souffrance,
Jésus accepte déjà la croix.
Et ce qui lui permettra d’aller jusqu’au bout de sa mission, ce sera sa relation intime
avec Dieu son Père, dans la prière.
Sur la croix, il pourra dire : « Père entre tes mains, je remets mon esprit, ma vie
nul ne la prend c’est moi qui la donne. »
La prière comme le pardon donné et reçu sont essentiels dans un Carême.
La prière est mise à l’écoute d’une autre voix que la nôtre.
Elle est le lieu où nous tissons des liens avec celui qui est notre véritable force pour
traverser les épreuves sans compromis ni lâcheté.
Si l’homme a besoin de pain (Jésus a eu faim), c’est-à-dire s’il doit participer à la vie
du monde dont il est membre, il doit d’abord se tourner vers le Seigneur qui l’appelle
à vivre de sa Vie : « C’est devant le Seigneur ton Dieu que tu te prosterneras, à lui
seul tu rendras un culte ».
Le chrétien, plongé dans le monde, agit toujours sous le regard de Dieu.
Toute son action est une action de grâces en retour du don de Dieu qu’il reconnaît.
En ce début de carême nous est annoncé l’essentiel :
Notre vie est dans et sous la main de Dieu à qui nous devons donner toute sa
place…le reste suivra.Père Frédéric
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Echo du dimanche 6 mars 2022
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Homélie du mercredi des cendres
Nous commençons le cheminement du Carême en ce mercredi des Cendres.
Ce Carême s’ouvre par les paroles du prophète Joël, qui indiquent la direction à suivre. C’est une invitation qui naît du cœur de Dieu qui, avec les bras grands ouverts et les yeux pleins de nostalgie nous supplie : « Revenez à moi de tout votre cœur » (Jl 2, 12).
Revenez à moi. Le Carême est un retour à Dieu. Que de fois, affairés ou indifférents, lui avons-nous dit : “Seigneur, je viendrai vers toi après, attends… Aujourd’hui je ne peux pas, mais demain je commencerai à prier et à faire quelque chose pour les autres”.
Et ainsi un jour après l’autre. Maintenant Dieu fait appel à notre cœur.
Dans la vie nous aurons toujours des choses à faire et nous aurons des excuses à présenter, mais, frères et sœurs, aujourd’hui c’est le temps de revenir à Dieu.
Le Carême n’est pas une collecte de bonnes actions mais un temps de 40 jours pour discerner quelle est l’orientation de mon cœur.
Le pape François parle du « voyage du Carême », belle expression qui parle de déplacement, d’exode…
Un exode de l’esclavage à la liberté.
Ce sont quarante jours qui rappellent les quarante années durant lesquelles le peuple de Dieu a voyagé dans le désert pour retourner à sa terre d’origine.
Mais comme il a été difficile de quitter l’Egypte !
Durant la marche, il y avait toujours la tentation de regretter les oignons, de revenir en arrière, de se lier aux souvenirs du passé, à quelque idole.
L’imposition des Cendres en ce premier jour du Carême est «un signe qui nous fait penser à ce que nous avons en tête. Nos pensées poursuivent souvent des choses passagères, qui vont et viennent.
La légère couche de cendres que nous recevrons est pour nous dire, avec délicatesse et vérité : des nombreuses choses que tu as en tête, derrière lesquelles chaque jour tu cours et te donnes du mal, il ne restera rien (…)
Les réalités terrestres s’évanouissent, comme poussière au vent.» et la Parole de Dieu nous redit « la place où tu es demain t’ignorera… ou la vie de l’homme est ballotée par le souffle du vent… »
L’Évangile nous propose trois étapes pour vivre ce temps : « l’aumône, la prière, le jeûne », qui « nous ramènent aux trois seules réalités qui ne disparaissent pas ».
La prière nous rattache à Dieu ; la charité au prochain ; le jeûne à nous-mêmes.
Frères et sœurs, ce carême est un temps favorable de retour à Dieu
« Le Carême est le temps pour retrouver la route de la vie…», et plus particulièrement cette vie éternelle qui est déjà commencée dans ce que nous vivons de beau, de grand et de vrai…
Face au piège de «la culture de l’apparence», de l’exhibition des réseaux sociaux… le Carême est donc un temps favorable…
« Le temps pour nous libérer de l’illusion de vivre en poursuivant « la poussière ».
Le Carême, c’est redécouvrir que nous sommes faits pour le feu qui brûle toujours, non pour la cendre qui s’éteint tout de suite; pour Dieu, non pour le monde ; pour l’éternité du Ciel, non pour la duperie de la terre ; pour la liberté des enfants, non pour l’esclavage des choses», redit souvent le Pape François.
Voici alors la supplication de l’Apôtre : « Laissez-vous réconcilier avec Dieu » (v. 20).
Laissez-vous réconcilier : le chemin ne se fonde pas sur nos forces ; personne ne peut se réconcilier avec Dieu par ses propres forces, il ne peut pas.
La conversion du cœur, avec les gestes et les pratiques qui l’expriment, n’est possible que si elle part de la primauté de l’action de Dieu.
Ce ne sont pas nos capacités et nos mérites à exhiber qui nous font revenir à lui, mais sa grâce à accueillir.
La grâce nous sauve, le salut est pure grâce, pure gratuité.
Jésus nous l’a dit clairement dans l’Évangile : ce n’est pas la justice que nous pratiquons devant les hommes qui nous rend justes, mais la relation sincère avec le Père.
Le Carême que nous entreprenons «commence avec la cendre, mais à la fin, il nous mène au feu de la nuit de Pâques, ce feu nouveau non pas allumé au sein de l’église mais à la croisée du chemin là où se croisent nos chemins de vie !
+ « Je suis semblable aux cendres, à ces poussières grises et mortes, Seigneur, lorsque s’ouvre la jalousie qui refroidit mon amitié, lorsque j’autorise la bouderie à écarter le sourire de mes lèvres. Lorsque je permets à l’égoïsme de gonfler en moi, et de remplir toute la place en mon cœur, jusqu’à m’empêcher de penser aux autres, lorsque je T’oublie, Seigneur, et que je laisse s’éteindre ma confiance en Toi ! Je ne suis pas uniquement cendres, Seigneur ! Sous mes cendres, Tu le sais, Toi qui me connais, dorment des braises attendant d’être ranimées. Seigneur, allume mes braises pour qu’à nouveau brûle, vive et joyeuse, la flamme de mon amour pour Toi et pour mon prochain. Amen. »
Père Frédéric
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Carême 2022
Mercredi 2 mars 2022, entrée en carême avec imposition des cendres lors des messes :
de 12h00 et 19h30.
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Homélie du dimanche 20 février 2022
« Ce que dieu fait pour nous, faite le aussi pour les autres. Mais dans quelle mesure ? »
L’évangile de ce Dimanche nous fait entendre la suite du « Discours dans la plaine » qui correspond chez Luc au « Discours sur la montage » de Matthieu.
Après la proclamation des béatitudes et lamentations, Jésus invite maintenant ses auditeurs (« Je vous le dis, à vous qui m’écoutez », v.27) aux attitudes fondamentales qui font d’eux d’authentiques enfants du Père (v. 35, au centre du discours).
Ses injonctions sont exigeantes et déconcertantes, et c’est pourquoi, à la fin du discours revient l’invitation à l’écoute :
« Tout homme qui vient à moi, qui entend mes paroles et qui les mets en pratique construit sa maison sur le roc » (parabole des v.47-49).
Cette insistance rappelle le « Sh’ma Israël », leitmotiv du Deutéronome. Il s’agit ici aussi d’écouter la Loi divine.
Et de « Roc » : oui que nous faut-il donc écouter, un peu plus loin dans le texte il parle de la paille et poudre dans notre oeil, dans ce texte et au-delà et mettre en pratique si nous voulons être disciples de Jésus et bâtir notre vie sur Lui, le Roc ?
Un appel à aimer au-delà des limites du bon sens, de la sensibilité naturelle et même de la justice…
L’essentiel est dit en trois mots : « Aimez vos ennemis » (v.27 et 35), impératif paradoxal dont Jésus explicite le contenu concret et la raison profonde.
Selon Jésus, Aimer l’ennemi, c’est lui faire du bien, le bénir et prier pour lui…
Voilà pourquoi, Aimer en actes, c’est prêter et donner généreusement, même son nécessaire (la tunique), en prenant le risque de ne rien recevoir en retour.
Et Jésus nous avertit : entretenir les relations amicales, être bienveillant, sans juger et savoir réparer une relation, oui, nous le savons bien pas besoin d’être chrétien pour cela. « Tout ce qui est humain n’est pas chrétien mais ce qui est chrétien devrait être humain… »
Il nous faut avouer que la plupart du temps, nous restons dans notre « zone relationnelle de confort », où l’on se trouve bien, en sécurité par rapport à l’Autre, le différent donc le potentiellement dangereux !!!
Au fond, on s’aime soi-même en restant là, mais on s’aime superficiellement.
En effet, les gens qui ne nous plaisent pas sont souvent ceux qui reflètent la part obscure de nous-mêmes.
Jésus nous invite à choisir une attitude de bienveillance et de compassion l’autre et pour notre ennemi. Lui vouloir du bien, prier pour lui est donc la condition indispensable de notre intégration humaine et croissance spirituelle.
Pour devenir ce que nous sommes en vérité, « images de Dieu », il nous faut aimer comme le Père aime : sans mesure, car Lui est bon et miséricordieux pour les ingrats et les méchants.
Vivre ainsi, c’est vivre de la grâce donnée (le mot charis, traduit par « reconnaissance », exprime le plaisir d’être, la satisfaction d’exister pleinement comme harmonie avec le dehors et ce mot revient trois fois en 32-34) et cela en témoignant par sa vie de la gratuité de Dieu.
Mais comment faire ?
Repartir de Jésus, un appel à venir à Jésus (v.47), et se découvrir à son contact « pécheur aimé » et « pardonné », tout à la fois enfant prodigue, aimé et pardonné sans condition.
On entre alors dans un chemin où, peu à peu, l’image du Père miséricordieux prend chair en nous, s’incarne en nous, dans le quotidien de nos relations.
Ainsi, nos peurs, nos mécanismes de défense, nos agressivités impulsives ou cultivées « fondent » alors progressivement, faisant place à la douceur et à la bienveillance qui désarment les conflits.
Ainsi nous ne sommes plus encerclés que d’ennemis, mais invités à vivre comme « Fratelli tutti » : « Tous frères » sur un même chemin à la suite du Christ, sachant que la grâce du pardon nous est donnée, même là où il paraissait impossible à vivre !!!
« Je fais la guerre, j’attaque, c’est ainsi que j’essaie de vivre. Mais je fais la guerre à moi-même, pour me désarmer.
Pour lutter efficacement contre la guerre, contre le mal, il faut savoir intérioriser la guerre pour vaincre en soi le mal. Il faut mener la guerre la plus dure, c’est la guerre contre soi-même. Il faut arriver à se désarmer.
J’ai mené cette guerre pendant des années, elle a été terrible.
Mais maintenant je suis désarmé. Je n’ai plus peur de rien, car « l’amour chasse la peur ». Je suis désarmé de la volonté d’avoir raison, de me justifier en disqualifiant les autres. Je ne suis plus sur mes gardes, jalousement crispé sur mes richesses.
J’accueille et je partage. Je ne tiens pas particulièrement à mes idées, à mes projets. Si l’on m’en présente de meilleurs, ou plutôt non, pas meilleurs mais bons, j’accepte sans regrets. J’ai renoncé au comparatif. Ce qui est bon, vrai, réel est toujours pour moi le meilleur.
C’est pourquoi je n’ai plus peur. Quand on n’a plus rien, on n’a plus peur. « Qui nous séparera de l’amour du Christ ? »
Athénagoras, patriarche de Constantinople (1886-1972)
« Seigneur, fais de moi un instrument de ta paix. Là où est la haine, que je mette l’amour. Là où est l’offense, que je mette le pardon. Là où est la discorde, que je mette l’union…. Ô Seigneur, que je ne cherche pas tant à être consolé qu’à consoler, à être compris qu’à comprendre, à être aimer qu’à aimer ».
(Saint François d’Assise)
Amen
Père Frédéric
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Echo dimanche 19 décembre 2021