Homélie du mercredi des cendres
Nous commençons le cheminement du Carême en ce mercredi des Cendres.
Ce Carême s’ouvre par les paroles du prophète Joël, qui indiquent la direction à suivre. C’est une invitation qui naît du cœur de Dieu qui, avec les bras grands ouverts et les yeux pleins de nostalgie nous supplie : « Revenez à moi de tout votre cœur » (Jl 2, 12).
Revenez à moi. Le Carême est un retour à Dieu. Que de fois, affairés ou indifférents, lui avons-nous dit : “Seigneur, je viendrai vers toi après, attends… Aujourd’hui je ne peux pas, mais demain je commencerai à prier et à faire quelque chose pour les autres”.
Et ainsi un jour après l’autre. Maintenant Dieu fait appel à notre cœur.
Dans la vie nous aurons toujours des choses à faire et nous aurons des excuses à présenter, mais, frères et sœurs, aujourd’hui c’est le temps de revenir à Dieu.
Le Carême n’est pas une collecte de bonnes actions mais un temps de 40 jours pour discerner quelle est l’orientation de mon cœur.
Le pape François parle du « voyage du Carême », belle expression qui parle de déplacement, d’exode…
Un exode de l’esclavage à la liberté.
Ce sont quarante jours qui rappellent les quarante années durant lesquelles le peuple de Dieu a voyagé dans le désert pour retourner à sa terre d’origine.
Mais comme il a été difficile de quitter l’Egypte !
Durant la marche, il y avait toujours la tentation de regretter les oignons, de revenir en arrière, de se lier aux souvenirs du passé, à quelque idole.
L’imposition des Cendres en ce premier jour du Carême est «un signe qui nous fait penser à ce que nous avons en tête. Nos pensées poursuivent souvent des choses passagères, qui vont et viennent.
La légère couche de cendres que nous recevrons est pour nous dire, avec délicatesse et vérité : des nombreuses choses que tu as en tête, derrière lesquelles chaque jour tu cours et te donnes du mal, il ne restera rien (…)
Les réalités terrestres s’évanouissent, comme poussière au vent.» et la Parole de Dieu nous redit « la place où tu es demain t’ignorera… ou la vie de l’homme est ballotée par le souffle du vent… »
L’Évangile nous propose trois étapes pour vivre ce temps : « l’aumône, la prière, le jeûne », qui « nous ramènent aux trois seules réalités qui ne disparaissent pas ».
La prière nous rattache à Dieu ; la charité au prochain ; le jeûne à nous-mêmes.
Frères et sœurs, ce carême est un temps favorable de retour à Dieu
« Le Carême est le temps pour retrouver la route de la vie…», et plus particulièrement cette vie éternelle qui est déjà commencée dans ce que nous vivons de beau, de grand et de vrai…
Face au piège de «la culture de l’apparence», de l’exhibition des réseaux sociaux… le Carême est donc un temps favorable…
« Le temps pour nous libérer de l’illusion de vivre en poursuivant « la poussière ».
Le Carême, c’est redécouvrir que nous sommes faits pour le feu qui brûle toujours, non pour la cendre qui s’éteint tout de suite; pour Dieu, non pour le monde ; pour l’éternité du Ciel, non pour la duperie de la terre ; pour la liberté des enfants, non pour l’esclavage des choses», redit souvent le Pape François.
Voici alors la supplication de l’Apôtre : « Laissez-vous réconcilier avec Dieu » (v. 20).
Laissez-vous réconcilier : le chemin ne se fonde pas sur nos forces ; personne ne peut se réconcilier avec Dieu par ses propres forces, il ne peut pas.
La conversion du cœur, avec les gestes et les pratiques qui l’expriment, n’est possible que si elle part de la primauté de l’action de Dieu.
Ce ne sont pas nos capacités et nos mérites à exhiber qui nous font revenir à lui, mais sa grâce à accueillir.
La grâce nous sauve, le salut est pure grâce, pure gratuité.
Jésus nous l’a dit clairement dans l’Évangile : ce n’est pas la justice que nous pratiquons devant les hommes qui nous rend justes, mais la relation sincère avec le Père.
Le Carême que nous entreprenons «commence avec la cendre, mais à la fin, il nous mène au feu de la nuit de Pâques, ce feu nouveau non pas allumé au sein de l’église mais à la croisée du chemin là où se croisent nos chemins de vie !
+ « Je suis semblable aux cendres, à ces poussières grises et mortes, Seigneur, lorsque s’ouvre la jalousie qui refroidit mon amitié, lorsque j’autorise la bouderie à écarter le sourire de mes lèvres. Lorsque je permets à l’égoïsme de gonfler en moi, et de remplir toute la place en mon cœur, jusqu’à m’empêcher de penser aux autres, lorsque je T’oublie, Seigneur, et que je laisse s’éteindre ma confiance en Toi ! Je ne suis pas uniquement cendres, Seigneur ! Sous mes cendres, Tu le sais, Toi qui me connais, dorment des braises attendant d’être ranimées. Seigneur, allume mes braises pour qu’à nouveau brûle, vive et joyeuse, la flamme de mon amour pour Toi et pour mon prochain. Amen. »
Père Frédéric